Tout savoir sur les appels d'urgence SAMU, Pompiers, Police et Gendarmerie
La régulation des moyens de secours à victimes est effectuée par les centres de réception et de régulation des appels (CRRA) 15 des SAMU, auxquels sont transmis tous les appels reçus, notamment par les sapeurs-pompiers. Ces dispositions ne font pas obstacle au "départ réflexe" de leurs moyens en cas d'urgence vitale flagrante. Des plates-formes communes sont mises en place dans une quinzaine de départements. Ce dispositif, renforcé par la loi MATRAS du 25/11/2021, permet de mesurer l'intérêt d'un partage des informations opérationnelles mais aussi d'identifier les limites de ces regroupements. Nous allons ici balayer l'ensemble des moyens existants pour alerter les secours et les évolutions probables sur le territoire national.
Parcourez notre dossier complet et actualisé sur les appels d'urgence aux 15, 18, 17, 112, 114.
Pourquoi et comment alerter les Sapeurs-Pompiers, le SAMU, la police ou la gendarmerie ?
Et le "112" alors ?
Dans l'idéal, que doit contenir un message d'alerte ?
Pour les sourds et malentendants : le 114, un numéro unique
A quoi faut-il s'attendre dans les années à venir ?
Pourquoi et comment alerter les sapeurs-pompiers ?
- Secours à victime (sur la voie-publique uniquement)
- Tentative de suicide ou personne ne répondant pas aux appels de manière inquiétante
Accidents de la circulation (hormis les accidents matériels et non-corporels)
- Incendie ou les feux ayant existé (pour s'assurer qu'aucun risque ne subsiste)
- Présence d'une fumée suspecte dans un local
- Accident ou risque électrique non-maîtrisable
- Accident ou risque lié au gaz ou à d'autres produits chimiques
Noyade en mer, cours ou plan d'eau - Repêchage de cadavre
- Récupération d'animaux en difficulté (notamment pour les espèces protégées ou domestiques)
- Toute menace pour les personnes et leurs biens.
Comment alerter les sapeurs pompiers ?
L'ensemble
des appels de secours émis aux Sapeurs-pompiers basculent sur le CTA
(Centre de Traitement des Appels) territorialement compétent (en
général, à l'échelle du département).
- Par téléphone : Appel 18 (ou 112 pour certains départements, comme Paris et les départements de la petite couronne)
- Directement en se rendant au centre de secours à proximité directe de l'accident (Attention, en zone rurale, certaines casernes de pompiers sont vides et dépourvues de personnels en garde postée - En général, un interphone au portail permet malgré tout de joindre le CTA-CODIS du département).
Ce mode d'alerte est déconseillé, notamment lorsque l'accident se situe à distance du centre de secours (risque d'aggravation en cours de trajet et difficulté de se localiser sur la route).
Focus sur le "196" - Secours maritimes
Pour les urgences en mer ou dans l'océan (nageur ou bateau en difficulté visible depuis le rivage), il est possible d'utiliser le "18" ou le "112". Cependant, il existe le "196" (gratuit), utilisable depuis n'importe quel téléphone portable qui capte son réseau. Ce numéro vous relie directement au Centre Régional des Opérations de Secours et de Sauvetage (CROSS), qui pourra ainsi vous localiser et envoyer les moyens maritimes et aériens adaptés.
A noter que le canal 16 de la VHF pour joindre le CROSS doit être utilisé en priorité par les plaisanciers.
Pourquoi et comment alerter le SAMU - "Centre 15"?
Le
Service d'Aide Médicale d'Urgence doit être alerté dès lors qu'une
personne est blessée ou présente des signes de malaise, en l'absence de
danger persistant pour le secouriste et les tiers.
A domicile, au travail ou dans un lieu chauffé et couvert, ce service
est le plus adapté. En effet, les CRRA du 15 (Centres de Régulation et
de Réception des Appels) sont pourvus de médecins régulateurs
expérimentés et capables de diagnostiquer au téléphone les pathologies
les plus graves. Dans certains cas, le médecin peut se contenter de
donner un simple avis médical et d'inviter le requérant, désormais
rassuré, à se rendre par ses propres moyens dans un service hospitalier
adapté à la pathologie ou au problème exposé.
- Malaise simple ou grave
- Accident sportif
- Fractures, entorses, luxations
- Plaies graves ou inquiétantes
- Simple avis médical ou tout autre problème de santé inquiétant
- Depuis peu, dans certains départements et à certaines heures (notamment la nuit et le week-end), il est nécessaire de contacter le SAMU avant de se rendre dans un SAU (Service d'Accueil des Urgences).
Comment alerter le SAMU ?
- Téléphone : Appel 15 (ou 112 pour certains départements).
- L'ensemble des appels de secours émis au SAMU basculent sur le CRRA (Centre de Régulation et de Réception des Appels) territorialement compétent, en général à l'échelle du département.
Pourquoi et comment alerter la Police ou la Gendarmerie ?
Que
vous viviez sur un secteur défendu par la Police Nationale ou la
Gendarmerie, vous n'avez pas besoin d'adapter le numéro de téléphone à
composer. En effet, les appels sont redistribués automatiquement au bon
service en fonction de votre localisation (En général, la Police
Nationale défend les zones urbaines et la Gendarmerie les zones
rurales). Il est à noter qu'en présence d'un ou plusieurs blessés, le
requérant doit alerter en priorité le SAMU ou les Sapeurs-Pompiers.
Les services de secours étant interconnectés, ces derniers se chargeront de prévenir les forces de l'ordre si nécessaire et en fonction de leurs procédures (accident corporel de la circulation, personne ne répondant pas aux appels, agressions ...).
Exemples de motifs justifiant l'appel aux gardiens de la paix ou aux gendarmes :
- Accident matériel de la circulation en cas d'impossibilité d'établir un constat ou de délit de fuite
- Acte malveillant
- Cambriolage
Dans certains cas, les forces de sécurité ne se déplaceront pas, enregistreront l'appel et inviteront le requérant à se rendre directement à la caserne de Gendarmerie ou au commissariat le plus proche pour y déposer une plainte ou une main courante.
Comment alerter la police ou la gendarmerie ?
- Téléphone : Appel "17"
- Bornes SOS - Seulement sur le réseau routier public. Sur autoroute privée, la borne SOS vous bascule sur le service d'entretien de la société autoroutière et transfère les informations recueillies aux secours)
Avantage : Localisation précise avec parfois possibilité de visualisation de l'accident par caméra vidéo.
L'ensemble des appels au 17 basculent sur le CIC (Centre d'Information et de Commandement de la police) ou COG (Centre d'Opérations de la Gendarmerie) territorialement compétent (en général, à l'échelle du département). Les opérateurs sont en contact direct (par radio) avec les équipes réparties sur le terrain et peuvent leur transmettre les informations et éventuelles évolutions de situation décrites par le ou les requérant(s).
Quid du "112"
Ce numéro est gratuit et utilisable partout en Union Européenne (et dans certains pays du bassin méditerranéen). En France, les appels effectués par le biais de ce
numéro basculent soit chez les Sapeurs-Pompiers, soit au SAMU, en
fonction du département concerné.
Pas d'appel sauf urgence , Urgence uniquement
Il offre également la possibilité d'être composé à partir de tout téléphone portable même si vous ne connaissez pas le code PIN de ce dernier (utilisation du téléphone d'une victime inconsciente par la fonction « Appel d'urgence », par exemple) ou si vous ne captez le réseau de l'opérateur téléphonique (Inscription « Pas d'appel sauf urgence » ou « Urgence uniquement »).
Attention, si aucun réseau n'est capté par le téléphone, l'inscription « Aucun service » indique qu'il est impossible de joindre les secours. Le requérant doit alors se déplacer ou remonter en surface s'il est dans un sous-terrain par exemple. Des projets de regroupement de tous les services de secours sur une plateforme « 112 » est actuellement en projet (voir ci-dessous).
Dans l'idéal, que doit-contenir un message d'alerte ?
Afin de localiser au mieux l'intervention et adapter les moyens de secours à envoyer, le témoin d'un accident doit préciser le plus calmement possible :
- Adresse ou localisation exacte. En zone urbaine dense, il y'a souvent des erreurs liées à la commune concernée. La confusion peut être certaine pour des rues répertoriées dans un grand nombre de villes sur le même département (exple : Avenue du Général Leclerc ou avenue de l'Europe).
- Description précise de l'accident. Les notions de hauteur de chute, cinétique (vitesse) d'un accident de la route permettent à l'opérateur de cibler la gravité des potentielles blessures subies.
Nombre de victimes visibles ou potentiellement cachées (éjectées lors d'un accident, réfugiées lors d'un incendie ...).
- État des blessés. Cette information est d'autant plus facile à décrire si le requérant est formé ou initié aux gestes de premiers secours par une formation de type SST (Victime inconsciente, présence de sang en quantité, absence de respiration...).
- Risques persistants autour du témoin, de la victime ou des tiers. Cette information permettra à l'opérateur d'envoyer sur place des moyens de secours spécialisés et adaptés (risque chimique, électrique, accident sur voie rapide, chute de matériaux possible ...).
- Un numéro de téléphone sera demandé au requérant pour pouvoir le rappeler si l'équipe envoyée sur place ne trouve pas l'intervention ou si le médecin régulateur souhaite obtenir des renseignements complémentaires sur l'état du ou des victime(s).
Dans certains cas, l'échange téléphonique peut paraître long, avec des questions qui peuvent lui sembler futiles. Néanmoins, celles-ci sont indispensables pour que le médecin régulateur puisse cibler la gravité de la situation et envoyer éventuellement un véhicules médicalisé (bien souvent SAMU), sans attendre l’arrivée des premiers véhicules de secours des pompiers (moyens associatifs ou ambulance privée). Dans certains cas comme l'arrêt cardiaque, l'arrivée rapide d'une équipe médicale peut être salvatrice pour la victime (Médecin, infirmier équipé d'un matériel similaire à celui que l'on retrouve dans un service de réanimation de l'hôpital) qui va pouvoir de bénéficier rapidement de l'injection de médicaments que seul un médecin ou infirmier peut administrer. A noter que durant ce long questionnement, un véhicule de premiers-secours est bien souvent déjà en route vers les lieux de l'intervention
Dans tous les cas, NE JAMAIS RACCROCHER EN PREMIER et suivre scrupuleusement les consignes données par l'opérateur, qui sont enregistrées notamment en cas de contentieux. A noter que les appels d'urgence sont anonymes et gratuits.
A quoi faut-il s'attendre dans les années à venir
Aujourd'hui, il est possible de localiser un ami, un enfant et parfois même un inconnu sur des applications de rencontre. Nous pouvons discuter en visio avec des personnes à l'autre bout de la planète, échanger des vidéos... Mais, lorsqu'un situation déstabilisante nécessite d’appeler les secours, aucun de ces services n'est en mesure de vous faire bénéficier du confort offert par le smartphone. Ne vous inquiétez pas, les choses sont en train de bouger! ... Comme le consacre la fameuse expression "Mieux vaut tard que jamais ..."
Regroupement des centres d'appels d'urgence
Pour répondre aux exigences
d'économies d'échelle des collectivités et au manque
d'interopérabilité entre les acteurs du secours (Pompiers,
SAMU, Gendarmerie/Police), des plateformes communes sont
créées depuis plus d'une dizaine d'années, sans réelle base légale. Abandonner
les traditionnels numéros d'urgence au profit du seul « 112 » et rassembler ainsi tous les acteurs chargés des
appels d'urgence. Voici l'objectif de la loi Matras du 25/11/2021 basée entre autre sur les propositions
maintes fois répétées de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France
(FNSPF), lors de ses derniers congrès annuels.
A l'heure actuelle certains départements ont réussi à regrouper :
- Pompiers (18) / Police (17) - Région centre, Paris et la Seine Saint Denis
- Pompiers (18) / SAMU (15) - Une vingtaine de département dont la Haute Savoie (utilisation d'un logiciel informatique unique) - Il est même envisagé d'y regrouper les centres privés de téléalarme ou les ambulanciers privés.
- SAMU (15) / Médecine de ville, appelé le "SAS" (Service d'Accès aux Soins), afin de recréer progressivement une garde médicale privée dans le secours d'urgence, notamment dans les zones "blanches".
Cette mutualisation peut néanmoins interroger sur le risque à plus long terme de
privatisation des centres d'appel et d'uniformisation de la compétence des
opérateurs. Aujourd'hui, lorsqu'un citoyen contacte les
Sapeurs-Pompiers, son interlocuteur est un spécialiste qui bénéficie
d'une expérience de terrain permettant de prodiguer des conseils
spécifiques salvateurs afin d'envoyer des
secours adaptés et anticiper sur d'éventuels moyens de renforcement. Tout comme, lorsqu'il contacte le "15", il est est mis en relation avec le corps médical, dont les compétences permettent d'accéder à des données protégées et individuelles de santé et indéniablement d'offrir un meilleur résultat pour le diagnostic de pathologies silencieuses graves par téléphone, qu'un secouriste ou un opérateur aidé par un arbre décisionnel pourrait le faire.
Autres arguments majeurs, mais cette fois en faveur de cette mutualisation : l'utilisation du « 112 » comme numéro
unique apporterait davantage de clarté dans le nombre relativement important de numéros d'urgence. Quant aux plateformes communes,
elles faciliteraient l'interconnexion entre les différents acteurs,
diminuent les coûts et apportent une réelle plus-value lors de
la survenue d'évènements d'ampleur (attentats, situations avec multiples
victimes ...). De plus, dans les zones rurales à faible démographie
médicale, ces solutions pourraient permettre aux SAMU d'avoir une vision
globale des moyens à engager.
Cependant, tant qu'un budget commun de "Secours d'Urgence et d'Aides aux Personnes" (SUAP) ne sera pas créé pour lier l'action des Pompiers, ambulanciers privés, moyens associatifs et surtout SAMU dans leurs missions liées au SUAP, des disparités entre départements risquent de subsister et surtout des portes ouvertes à des guerres fratricides entre services. Quand bien même ils opéreraient dans les mêmes locaux, la recherche de l'optimisation de chacun des budgets séparés, ralenti fortement l'évolution des technologies et l'interopérabilité des acteurs.
Géolocalisation des appels
Pour les téléphones fixe, il est facile pour les services de secours de localiser l'adresse d'où est issu l'appel (Directive Européenne imposant aux opérateurs de fournir instantanément aux services de secours l'adresse issue de la liste des abonnés).
Le problème se pose lorsque l'appel est effectué par le biais d'un téléphone mobile, même si c'est un smartphone. En effet, à l'heure actuelle la géolocalisation de ces appels apporte un résultat très imprécis (triangulation donnée à partir des antennes relais - précision de 3km), notamment en zone urbaine dense.
En France, certaines applications proposent une localisation basée sur le GPS et le Wifi, mais ne sont pas reconnues par les autorités. Elles offrent une
fiabilité incertaine.
En réponse à cette problématique et dans le soucis de rattraper le retard technologique des Sapeurs-Pompiers, il a été décidé de créer le futur système d'information et de commandement unifié des services d'incendie et de secours : NEXSIS 18/112. Ce
programme défini par le décret n° 2019-19 du 9 janvier 2019,
porté par le Ministère de l'Intérieur, en accord avec les institutions
représentant les services d'incendie et de secours. Ce nouveau logiciel, équipant à partir de 2021 les départements volontaires va permettre :
- La géolocalisation automatique des appelants qui composent un numéro d'urgence avec l'application « Advanced mobile location» (AML)*.
L'utilisation des applications et réseaux sociaux (Whatsapp, Messenger...), des e-mails et même des objets connectés - L'utilisation de la vidéo et de la photo offrent des perspectives très intéressantes pour guider le témoin et obtenir des informations pertinentes sur la situation.
- Pour les services d'incendie et de secours, de disposer d'un système partagé entre départements de gestion des alertes et opérations
- Une remontée d'informations en temps réel à la chaîne opérationnelle et hiérarchique
- L'interopérabilité du système et le partage d'informations entre les partenaires volontaires : Samu, police et gendarmerie nationale, polices municipales, associations agréées de sécurité civile, opérateur d'importance vitale...
*Au Royaume-Uni, l'opérateur historique et le fabricant de smartphones HTC ont collaboré pour aboutir à un système de localisation de l'alerte appelé AML (Advanced Mobile Location), basé sur le GPS et le WIFI, si capté (Précision : 30m). Il est généralisé à l'ensemble des opérateurs et marques de téléphone vendus en UE.
Actuellement, certains SAMU utilisent l'application développée en Moselle « My 15 », disponible sur Android. Elle permet de contacter le
« 15 » directement et d'être géo-localisé. Des informations d'ordre médical peuvent
également être préenregistrées dans l'application afin de faciliter la
prise d'appel.
Les personnes qui gardent une méfiance sur la sécurisation des données informatiques les concernant, peuvent néanmoins utiliser cette application sans enregistrer leurs antécédents médicaux. Seules les fonctions « appel et localisation » seront opérationnelles.